La Mar Menor, sujet de droit, une première européenne - Image Science & Analysis Laboratory, of the NASA Johnson Space Center - 2002
Photo: Image Science & Analysis Laboratory, of the NASA Johnson Space Center - 2002

- Par Luc Depré

La Mar Menor, sujet de droit, une première européenne

Mercredi 21 septembre 2022, la Mar Menor, lagune d’eau salée de 170 km2 de la région autonome de Murcie, dans le sud-est de l’Espagne, est devenue la première zone naturelle d’Europe dotée d’une entitée juridique propre.

La lagune murcienne souffre actuellement de graves problèmes d’eutrophisation. Depuis de nombreuses années, des scientifiques et écologistes dénoncent l’intensification de l’agriculture et la surfertilisation des sols aux abords de Mar Menor. En effet, l’accumulation continue d’engrais provenant des terres agricoles voisines a contribué au développement de conditions toxiques dans le lagune, pouvant entrainer des épisodes récurrents de mortalité massive de la biodiversité marine et de leurs habitats, particulièrement lors des vagues de chaleurs extrêmes. Le dernier évènement de disparition massive de la vie dans le Mar Menor s’est produit en aout dernier lorsque cinq tonnes de poissons morts ont été retrouvées dans la lagune après plusieurs jours de canicules.

La Mar Menor est entrée dans l’histoire du système juridique espagnol et européen après un vote favorable au Sénat espagnol.

Une professeure de l’université de Murcie, Teresa Vicente, a lancé une initiative législative populaire, qui a récolté plus de 640 000 signatures. Le succès de cette pétition a permis d’interpeller le Congrès des députés espagnol pour qu’il statue sur une proposition de loi visant à rendre la Mar Menor sujet de droit.

Mercredi 21 septembre 2022, tous les partis politiques ont soutenu cette initiative législative populaire au Sénat espagnol, à l’exception de la formation d’extrême droite qui estime que cette proposition “s’éloigne des concepts les plus fondamentaux du droit espagnol et de la tradition juridique occidentale” et qu’elle est contraire à “la position centrale de l’homme dans la nature”.

Assurément, devant l’anthropocène et la mise en danger de la biodiversité, les mentalités évoluent.

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